samedi 15 septembre 2012

Rien à battre

A. n'en a rien à battre de ma tronche. Et ca ne changera jamais. D'ailleurs, il a l'adresse de mon blog mais ne le lit pas. D'ailleurs, il m'arrive de me demander s'il se souvient de mon prénom, en tout cas il ne l'utilise pas.

Il sait m'amadouer quand il a envie de baiser, et alors que j'ai déjà pris plusieurs fois la résolution de ne plus coucher avec lui, et bien il arrive malgré tout à ses fins. Alors même que de rencontre en rencontre mon corps se ferme, se fige : je ressens sexuellement de moins en moins de plaisir avec lui. 

Oh, il n'est pas magicien, ni hypnotiseur, juste un peu manipulateur. Et idéalement correspondant à une faille profonde de ma personnalité. Autant dire qu'il n'est pour rien dans ma petite agitation intérieure.

Je ne connais A. que depuis quelques mois, et nous nous sommes vus cinq fois. Je le connais donc peu. Pourtant, j'ai la sensation tenace qu'il existe une seule personne importante pour lui sur cette terre : lui-même. J'imagine que quelques autres personnes doivent avoir un rôle dans sa vie, et qu'il doit les considérer comme importantes. Importantes en temps que telle ou en temps que prolongements de lui-même ? Mais je lui fais là un procès d'intention, ce sont là des accusations gratuites, basées seulement sur les sensations que me laisse A. lorsqu'il a baiser et va donc m'ignorer pendant un temps. Et sur quelques autres propos.

Je connais si peu A. qu'il est improbable que je tienne à lui, à sa personne, à son être. Et puis A. n'est pas attachant, il est irritant.

Mais A. représente quelque chose pour moi. Écrivain, éditeur, journaliste, il représente tout ce qui me tient à coeur, tout ce que je voudrais être, ou aurais voulu être par le passé. Il est de cet univers littéraire dont je ne suis qu'un misérable et ridicule satellite amateur. 

J'ai rencontré très tôt deux personnes qui représentaient tout ce qui était important pour moi, que je regardais comme des êtres quasiment divins, inaccessibles, inimitables... Mais pour qui je n'étais rien, qui ne me portaient aucune attention sinon pratique. Je n'existais pas pour mes parents, en tout cas pas en tant que personne. Mes parents ne connaissent pas mes goûts, mes passades, mes désirs plus profonds, pas plus que mes peurs. Nous n'avons pas les mêmes souvenirs, ils n'ont jamais été curieux de mon avenir, ils ne connaissent même plus mon adresse, sans que cela soit un problème pour eux.

J'ai cherché pendant longtemps a devenir importante aux yeux de mes parents. La place qu'on ne me laissait pas, la place qu'on ne me donnait pas, je l'ai prise physiquement : je suis devenue grosse, énorme, pesante, incontournable. J'étais bavarde à la maison (mutique au dehors). J'étais drôle, je faisais le clown. J'inventais tout un tas d'évènements pour attirer l'attention. Un jour, un amant de ma mère a dit de moi : "avec elle, c'est comme les galeries Lafayette, il se passe toujours quelque chose". Je voulais exister. Etre importante.

Sans succès.

Avec A., j'ai la nette conscience de vouloir "faire l'importante". Je voudrais exister vraiment pour lui. Et moins il me montre d'intérêt plus je m'accroche désespérément dans l'espoir insensé que cela change.  Pourtant, je sais bien que c'est voué à l'échec. Pire, je sais que c'est mieux. A. n'est pas un humain compatible avec moi.












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.