mercredi 28 novembre 2012

L'esprit de Noël est déjà parmi nous

Je déteste Noël. 

Chaque année cette fête familiale et consumériste (déjà deux bonnes raisons pour me la faire détester) me ravie la vedette : mon anniversaire le 23 décembre est toujours passé inaperçu, ca fait chier de se taper la cloche la veille du réveillon, et on a plus ni un rond ni l'envie de me faire un cadeau. 

Mais joie, félicité, bonheur nirvanesque, il est des cadeaux qui arrivent plus tôt, et qui ne coûte pas un rond.

J'étais tranquillement à l'expo "Bêtes de sexe" au palais de la découverte, devant un panneau titré "Et la monogamie ?" (le titre exact, je l'ai oublié, mais c'était le thème. Où on apprend que, théoriquement, certains animaux sont monogames mais que l'infidélité est monnaie courante même avec cette combinaison), j'étais donc en train de lire que nombre d'animaux monogames choisissaient une "épouse" pour ses qualités maternelle et une "maîtresse" pour la qualité de ses gamètes, quand mon téléphone vibra. C'était un mail me signifiant un message sur mon blog. Le temps que je finisse l'expo, il y en avait un deuxième et dans le métro j'en consultais un troisième. Tous de E.

Pour les curieux, c'est ici, et encore là.

J'y lis, sans trop besoin de traducteur, que je vois les choses à ma manière (et donc vraiment particulière, pour ne pas dire tordue) et que ma sincérité pourrait être questionnée. Ma foi... C'est bien possible, après tout, mais cette vision particulière des choses m'a permis mieux qu'une autre de me sortir d'une relation perverse et destructrice. C'est à peu près la seule chose qui compte à mes yeux. Chacun a sa vérité, la mienne m'aide à vivre au lieu de me pourrir l'existence. Je préfère encore continuer à me tromper.

Mais, je suis bonne fille, si E. veut faire entreprise de reconstruction de son image mise à mal (car, à quoi rime donc ce harcèlement sinon ?), il a porte ouverte ici. Qu'il m’envoie donc un beau texte à ma gloire et je le passerai en texte d'invité.

Mais qu'il ne compte pas sur moi pour pleurer sur le "pauvre E.", pour reprendre ses termes. Des larmes, j'en ai tant versé sur notre relation que j'ai désormais l'oeil sec en ce domaine, et que je garde ma pitié pour moi.

E., quand tu veux. Mais n'oublie pas l'esprit de Noël.


samedi 3 novembre 2012

Partout des signes

Le problème, dans cette marée de signes et de bruits que constitue l'univers, c'est de trouver sa route dans ce foisonnement souvent insupportable.

Ce regard, qui ne ressemble pas au précédent, veut-il dire quelque chose d'important ? Ce mot qui tout à coup raisonne étrangement à mes oreilles, faut-il le laisser passer ou bien aller voir derrière ? Et si je m'arrête à ce regard, à ce mot, combien d'autres passeront pendant ce temps, combien d'autres signes viendront s'entrechoquer pour me faire perdre pied ?

Cette sensation subite de panique, justifié par rien de concret, de tangible, est-elle significative d'une intuition qui peut me sauver, ou bien n'est-elle qu'une émotion passée, rappelé par un détail insignifiant, un bruit, une odeur ? Et cette sensation de bien-être, est-elle uniquement sécrétée par mon corps, ma capacité à la sérénité, ou bien cet être qui est à coté de moi y est-il pour quelque chose ? Et dans quelle mesure ?

Et si le lendemain de ma première nuit avec L., le printemps était de retour en plein mois d'octobre, avec des températures estivales, et un soleil à faire aimer la vie, 
Et si le lendemain de ma deuxième nuit avec L., la fin du monde était là, avec un vent qui mâchait les arbres, une pluie à fendre l'âme, un ciel aux circonvolutions cauchemardesques, et même la grêle,
Sont-ce des signes ? Ou juste un hasard météorologique et poétique ?

Et sur tout ca, la vie va trop vite. Je n'ai pas le temps de savoir, de miser clairement sur un signe ou sur un autre. Et alors ce n'est qu'après que je me dis : mais tu savais, bon sang ! Tu savais ! 

Mais même quand je sais, sans ambiguïté, cela ne m'aide pas toujours. Parce que ca déborde de partout. Parce qu'il faudrait encore pondérer le tout, il faudrait donner le juste poids aux choses, aux signes.

Je connais par coeur l'incapacité à dire "non". Je sais que plus l'autre est important moins il est facile de le dire. Je sais intimement que plus l'autre nous touche plus on se saborde. Enfin, quand on est du genre à se saborder, quand on est du genre à rechercher désespérément ce que l'on fuit.

Mais ce fond qui m'attire, ce gouffre sous mes pieds, est-ce l'accablement de perdre quelque chose d'important, est-ce le futur hypothéqué ? Mais alors, n'est-elle pas sur-joué, ma misère ? Car, l'importance que je donne à ce hoquet, ce "non" impossible qui n'est pas même le mien, n'est-elle pas sans commune mesure avec la gravité de l'évènement ?

Ou est-ce une détresse ancienne qui s'éveille pour exploser, enfin s'évacuer, comme un volcan longtemps assoupi ?

Pourquoi ce simple mot "forcer" m'apocalypse ? Ce mot qui est le mien, ma traduction de ce que m'a confié L., car ce mot, lui-même ne l'a pas prononcé, autant que je me souvienne (ou cette amnésie éventuelle serait-elle aussi un signe ?) Qui, un jour, s'est "forcé" ? Qui, un jour, à été "forcé" ?

Tout ce que je sais, de moi, de l'autre, du monde, ne m'empêche pas de regarder se dérouler les choses sans trouver le frein à main.

Sentir, penser, classer. Quel enfer !

vendredi 2 novembre 2012

Prends ça, c'est franco de port

Cette après-midi, j'ai fait la queue plus d'une heure trente au musée des arts et métiers pour aller voir une exposition sur les robots. 
Tranquillement installée à la queue le leu, de la musique dans les oreilles, un bouquin en main, tout était dans le meilleur des mondes (celui d'Huxley, surement), surtout que j'avais décidé de me faire la totale : expo et salon de thé.



Mais, en sourdine, il y avait un évènement de la veille. Et de temps en temps, la toile de fond prenait le pas sur le motif. Mes yeux perdaient le fil, mon esprit ressassait. Et j'en étais a repasser le film, à me demander : "et quand il t'as relever ta jupe, dans l’ascenseur, pour voir si tu portais une culotte, se forçait-il ? En fait, il a fallut que tu insistes sur cette histoire de culotte pour qu'il daigne aller vérifier. Alors que tu sentais une onde de désir monter entre tes jambes, électriser ton ventre, contracter ton vagin, en sentant l'étoffe de ta jupe remonter centimètre après centimètre, puis ses mains venir te tâter, était-il juste ennuyé ou carrément dégoûté ?", "et quand il s'est jeté sur le lit pour te bouffer la chatte, se forçait-il ?"

J'avais les yeux qui picotaient encore de la veille, ce qui me mettait déjà en rage, et je n'avais pas l'intention de ressembler à un panda en visite au musée. J'arrivais à ne pas pleurer, mais les images de la veille et de la soirée de l'avant veille me pilonnaient le cerveau. Et alors un millier de chevaux ont débarqués dans mon ventre, broyant mes viscères. Non, pas question de vomir là, encore moins me vider par l'autre bout. Les efforts que je faisais pour rester digne, résister à la douleur et à la nausée me sciaient en deux, pendant que je gardais la tête plongée dans mon bouquin. J'aurais aimé m'asseoir mais le seul banc à proximité était trempé.

Je fini par fermer mon livre, que je ne lisais plus, et fit mine de m’intéresser aux gueules des gens dans la queue. Je respirais par le ventre, lentement, espérant que cela calme ma débâcle. Je serrais les fesses, priant pour que mes intestins ne me lâchent pas totalement. Le moins qu'on puisse dire c'est que je ne suis pas coutumière du fait. Mais que cela s'est reproduit depuis, jusque devant mon clavier pour écrire ce billet, chaque fois qu'aujourd'hui j'ai évoqué ces moments passés avec L. en me posant cette question qui me détruisait : "Et là, s'est-il forcé ?"

Car L. ne sait pas dire non. Ni "j'y réfléchirai", encore moins "pas cette semaine, je te tiens au courant". Il a fixé un rendez-vous alors qu'il n'en avait pas envie. Et je n'ai pas eu besoin de longues explications pour comprendre ce qu'il avait ressenti, ce sentiment de piège, cette impression de contrainte, de ne pouvoir s'échapper. Sauf que là, de façon renversée, j'ai tenu le rôle du geôlier, le rôle du salaud qui mène son mouton à l'abattoir. Et ca m'est insupportable. 

L'expo sur les robots n'est pas des plus réussie, le financier avec sa boule de vanille était très correct, le thé Mariage Frères parfait.