samedi 3 novembre 2012

Partout des signes

Le problème, dans cette marée de signes et de bruits que constitue l'univers, c'est de trouver sa route dans ce foisonnement souvent insupportable.

Ce regard, qui ne ressemble pas au précédent, veut-il dire quelque chose d'important ? Ce mot qui tout à coup raisonne étrangement à mes oreilles, faut-il le laisser passer ou bien aller voir derrière ? Et si je m'arrête à ce regard, à ce mot, combien d'autres passeront pendant ce temps, combien d'autres signes viendront s'entrechoquer pour me faire perdre pied ?

Cette sensation subite de panique, justifié par rien de concret, de tangible, est-elle significative d'une intuition qui peut me sauver, ou bien n'est-elle qu'une émotion passée, rappelé par un détail insignifiant, un bruit, une odeur ? Et cette sensation de bien-être, est-elle uniquement sécrétée par mon corps, ma capacité à la sérénité, ou bien cet être qui est à coté de moi y est-il pour quelque chose ? Et dans quelle mesure ?

Et si le lendemain de ma première nuit avec L., le printemps était de retour en plein mois d'octobre, avec des températures estivales, et un soleil à faire aimer la vie, 
Et si le lendemain de ma deuxième nuit avec L., la fin du monde était là, avec un vent qui mâchait les arbres, une pluie à fendre l'âme, un ciel aux circonvolutions cauchemardesques, et même la grêle,
Sont-ce des signes ? Ou juste un hasard météorologique et poétique ?

Et sur tout ca, la vie va trop vite. Je n'ai pas le temps de savoir, de miser clairement sur un signe ou sur un autre. Et alors ce n'est qu'après que je me dis : mais tu savais, bon sang ! Tu savais ! 

Mais même quand je sais, sans ambiguïté, cela ne m'aide pas toujours. Parce que ca déborde de partout. Parce qu'il faudrait encore pondérer le tout, il faudrait donner le juste poids aux choses, aux signes.

Je connais par coeur l'incapacité à dire "non". Je sais que plus l'autre est important moins il est facile de le dire. Je sais intimement que plus l'autre nous touche plus on se saborde. Enfin, quand on est du genre à se saborder, quand on est du genre à rechercher désespérément ce que l'on fuit.

Mais ce fond qui m'attire, ce gouffre sous mes pieds, est-ce l'accablement de perdre quelque chose d'important, est-ce le futur hypothéqué ? Mais alors, n'est-elle pas sur-joué, ma misère ? Car, l'importance que je donne à ce hoquet, ce "non" impossible qui n'est pas même le mien, n'est-elle pas sans commune mesure avec la gravité de l'évènement ?

Ou est-ce une détresse ancienne qui s'éveille pour exploser, enfin s'évacuer, comme un volcan longtemps assoupi ?

Pourquoi ce simple mot "forcer" m'apocalypse ? Ce mot qui est le mien, ma traduction de ce que m'a confié L., car ce mot, lui-même ne l'a pas prononcé, autant que je me souvienne (ou cette amnésie éventuelle serait-elle aussi un signe ?) Qui, un jour, s'est "forcé" ? Qui, un jour, à été "forcé" ?

Tout ce que je sais, de moi, de l'autre, du monde, ne m'empêche pas de regarder se dérouler les choses sans trouver le frein à main.

Sentir, penser, classer. Quel enfer !

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