mercredi 6 février 2013

Le bonheur, c'est tout de suite


J'ai enfin réservé un séjour à Prague, alors que j'avais perdu l'entrain de le faire.

J'aime à nouveau marcher dans Paris, sentir mes jambes en mouvement, mes pieds s'appuyer sur le sol, mes épaules se balancer au rythme de la musique diffusée par mes écouteurs.

Je regarde les gens, et j'aime à nouveau toutes ces têtes si variées. J'aimerais les prendre contre moi quand ils tombent de sommeil dans le métro. J'aimerais essuyer la larme que j'aperçois au coin d'un oeil, déchausser les femmes qui souffrent dans leurs godasses malcommodes et masser leurs pieds, tout doucement. 

Je regarde le ciel, et j'aime les nuances de bleu et de gris. Assise dans un café, je bois un thé fumé et j'ai tout à coup l'impression de boire les nuages, d'aspirer le gris, et toute la fumée, et le ciel, et le monde, à petites gorgées. Le monde est en moi et je suis le monde. Et ca fait un bien fou, d'être là, à ma place, parce que ma place est partout.

Dans les couloirs du métro, je suis une particule parmi les particules, et je file au même rythme. Je suis une parmi les autres, au même pas, au même souffle, intriquée dans le flux qui palpite dans les veines et les artères. Je suis comme ces gens, ils sont comme moi, dans le même mouvement, la même vie. Et j'aime ça.

Dans la rue je veux tout voir, tout sentir. Mes yeux virevoltent, captent inlassablement. Les droites, les perspectives vertigineuses, les angles vivants et les angles morts, les découpes des immeubles sur le ciel, sur les autres constructions ; les gens et leur sillage comme des queues de comètes, leur nez souvent étranges, leurs regards parfois éteints, parfois brillants comme le mien ; les blocs alignés des cheminées ; les dentelles des balcons en fer forgés ; les couleurs des grafs, des tags, des habits, des sacs, des vitrines ; les damiers des fenêtres, et quand il fait nuit, comme des touches de piano qui vibrent en sourdine, mes yeux appuient sur une, sautent à la suivante, il faut éviter les cases noires. Un, deux, trois, soleil.

Non, je ne suis pas amoureuse. Justement pas. J'ai retrouvé le plaisir de sentir en moi cette balle très dure et très solide, ce centre que je nacre comme une perle, dans mes grandes profondeurs, et qui résiste à la houle et aux tempêtes de surface.

Il y a un mois je suis sortie de prison, avec l'impression de laisser des prisonniers derrière leurs barreaux, et un peu de culpabilité.

Mais aujourd'hui, je vois les choses de plus loin, de dehors. Et ce que je vois, c'est un jeu de chaise musicale. Si on arrive à faire rentrer quelqu'un en prison, on gagne des points de vie. J'ai échappé à la prison, au piège tendu. Et je vais m'attacher à ne plus jamais laisser un prisonnier tenter de gagner sa joie sur ma tristesse, son bonheur sur mon malheur.

Ma joie de vivre, mon bonheur de juste sentir la vie en moi, et autour de moi, je ne laisserai plus personne me la prendre. Plus personne ne me videra pour se remplir.

4 commentaires:

  1. Bonsoir

    C'est comme une renaissance, le partage de ta condition humaine avec les autres.
    C'est beau.
    E

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  2. C'est drôle... j'ai à peu près ressenti les mêmes choses quand, à la fin des vacances de Noël, peu après une rupture amère, j'ai réservé sur un coup de tête quelques jours au cœur de Paris. En solo. Sans avertir personne. Sans tracas d'amour ou de sexe.
    Juste comme ça... pour me retrouver avec moi-même... Savourer des yeux de superbes expos, humer le ciel gris, marcher à mon rythme sur les quais, déguster MON temps qui passe...
    Je suis rentrée requinquée! reboostée... prête à démarrer mille choses!
    Bonne route à toi... "hors du parloir"!

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  3. Bonjour,

    Bravo, bravo que cela fait plaisir !

    Oui trés longue et bonne route Marionde.

    A.

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  4. Bonsoir ou bonjour,
    Vos textes sont magnifiquement écrits, ils sont vivants et font ressentir un panel énorme d'émotions.
    On arrive à ressentir les sentiments que vous décrivez à être vous en quelque sorte. Après tout chacun à pu vivre telle ou telle expérience dans sa vie.
    Pour rebondir sur votre texte. Partir seul en vacances après une rupture ou une decéption, Afin d'explorer de nouveaux paysages, nous qui recherchons la paix en nous même. Nous voyons tout sous un oeil neuf et nous nous emmerveillons devant des choses qui nous aurons parus futiles. Mais au final nous nous ressourçons physiquement et psychologiquement.
    Kelly&Lucien

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