dimanche 10 février 2013

Vous reprendrez bien un peu de psy ?

Vous l'avais-je dit ? J'ai trouvé un nouveau psy.

La première fois que j'ai mis les pied chez lui, outre que je me suis dis in petto qu'il était plus joli garçon en vrai que sur la photo du net, je l'ai senti tendu, pas à l'aise. 
Un brin de rigidité accompagnait son serrage de pince. Et si, d'un revers d'oeil dont j'ai le secret, je le voyais sourire avec amusement en me regardant ôter, avec une lenteur surement étudiée, mes gants, mon manteau, mon écharpe, mon bonnet, poser mon sac, poser mon manteau et le reste sur mon sac, et enfin m'asseoir à coté de tout ça, lui, en s'asseyant en face de moi, s'est en quelque sorte roulé en boule dans son fauteuil de scénariste. Essayez, vous allez voir, c'est possible mais pas vraiment confortable. J'ai trouvé la pose incongrue. Il croisa les mains, sans me regarder, s'enfonça encore un peu dans son fauteuil comme pour prendre son élan et, d'un bond, m'a sorti d'une voix qui m'a semblée peu sûre, et en levant finalement les yeux vers moi comme à regret : "alors, qu'est-ce qui vous amène ?"

Pauvre homme ! Il me peinait, et je me suis fixé une mission : le mettre à l'aise. Ni plus ni moins.

Je suis vite passée sur ce qui m'amenait. C'était tellement clair, n'est-ce pas, que cela ne nécessitait pas de longs développements, et que j'ai loupé le mot essentiel : incompétence.  Ce qui m'amenait, c'était qu'en bout de tout, autant au boulot que dans ma vie privée, le sentiment d'incompétence et de nullité me paralysait. Mais donc, j'ai oublié celà, je me suis contentée de citer deux thèmes : le boulot, les hommes. Sans précision.

Puis, toujours souriante, j'ai opiné avec vigueur à tout ce qu'il a dit. Je me suis montrée un brin admirative de son parcours (puisqu'il m'a indiqué son cv de psy et les ressors de sa démarche). Je l'ai invité à préciser ceci ou cela, l'encourageant à aller au bout de son idée. Cette première consultation était gratuite. Heureusement, sinon j'aurai payé 50 euros pour aider mon psy.

Enfin, c'est ainsi que je l'ai vécu, et je vous la raconte avec un peu de caricature pour vous faire rire. Car c'est risible.

A ce moment là pourtant, le risible de la situation m'a un peu échappé. J'ai juste noté que les choses semblaient quelque peu inversées, et que avec ma psy précédente les choses ne se passaient absolument pas ainsi. Mamie Nova, jamais je n'ai eu envie de l'aider.

Hier soir, en sortant du boulot, j'ai trouvé un sms de E. Il passait dans le coin et me proposait un verre. Ah ! Enfin un peu de spontanéité ! me suis-je dis. Même si, on ne se change pas si facilement, je n'étais pas recoiffée, remaquillée, rafraîchie, habillée pour l'occasion, et que je n'avais pas révisé avant l'interrogation. Ne barrez aucune mention, elles sont toutes utiles.

C'est donc devant un thé à la menthe que E. me fit remarquer que, puisque je parlais de la différence entre mes deux psy, et de leurs approches différentes, et de ma sensation d'être plus à l'aise avec lui qu'avec elle, et que je me demandais tout haut si ça n'était pas une question d'age, mon sémillant nouveau psy pouvant être le fils (et peut-être le petit fils) de Mamie Nova, E. me fit donc remarquer que le nouveau psy était un homme, Mamie Nova une dame, et que donc je projetais sur lui tout autre chose que sur elle. Biiiip ! Le buzzer dans ma tête a sonné, et pendant que je me défendais un peu (je n'avais jamais vue ma mère dans Mamie Nova, expliquais-je) des rouages ont tournés de quelques crans dans ma cervelle.

Je parlais aussi de L. (qu'est-ce que j'ai parlé vendredi soir ! Un vrai moulin à parole !). 
J'expliquais les derniers rebondissements (ah ! Oui ! Derniers ! Fini !) - rebondissements qui vous sont inconnus, enfin, les petits malins auront peut-être lu entre certaines lignes - et E. me dit que j'avais fait comme ma mère avec son dernier mec (car j'ai aussi parlé de mes parents, de ma soeur, et que sais-je encore !). Effectivement, comme ma mère avec son jules, j'avais couru au devant de L. en détresse. J'avais voulu l'aider a se sentir mieux.

Cependant, je ne découvrais pas mes tendances au sauvetage des désespérés. Et qui a tenté un jour de sauver quelqu'un qui se noie a su de quoi je parle. Mais il n'est plus de ce monde pour nous le dire : il a coulé avec la victime. Naufrage pour tout le monde.

Je repensais à mon psy et ma mission pour le faire se "sentir bien". J'acceptais de considérer que, peut-être, je projetais sur lui l'image paternelle. 

Je repensais au départ de mon père pour l'étranger lorsque j'avais 14 ans. A mon sentiment de culpabilité face au soulagement que je ressentais alors (oui, je n'étais même pas en colère de voir mon père partir pour une durée indéterminée, ni triste, juste soulagée), et ce sont surtout les mots de ma psy à l'époque qui me revenait comme un écho  : "oui, quel soulagement ! Vous n'aviez plus à vous occuper de lui !"

Quelques heures plus tard, le tableau, tout à coup éclairé sous un nouvel angle, prenait son sens : j'avais désespérément tenté d'aider mon père, ce lâche paranoïaque, ce phobique social, qui se sentait si mal partout et avec tous. 

Sans jamais y arriver. 

De quoi se sentir incompétente pour le reste de ses jours.

4 commentaires:

  1. Ou pas :)
    Mon psy à moi m'a dit "ça ne vous appartient pas", elle a l'air con cette phrase et pourtant...

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    1. Ou pas :)
      C'est pas parce que mon géniteur a préféré me coller ses valises sur le dos plutôt que de se les coltiner que je vais accepter de les porter jusqu'à la saint- glin glin :)

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    2. Voilà des mots pleins de bon sens :)

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  2. Quand je parlais de décrocher les élastiques dans un texte ci dessous... Eh bien en voila un beau qui une fois décroché, permettra à Marionde de vivre dans une plus grande liberté.
    Tout le talent de ton psy sera nécessaire pour arriver à laisser cette histoire là ou elle aurait du rester : dans le passé.
    E

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