dimanche 5 août 2012

Trop plein


« Les copines, c'est finalement mieux » a dit C. alors que nous brunchions fort peu modestement chez moi hier en compagnie de M. Oui, les copines, c'est finalement mieux que tous ces mecs dont nous venions de détailler les derniers méfaits. Mieux vaut s'empiffrer de cup cakes que de se perdre dans les dédales de relations mal bâties, délétères, voire perverses, dont nous avons toutes les trois, semblent-il, le secret.

J'ai redécouvert un petit vibro trop rarement utilisé, et qui fait finalement des merveilles. Ses vibrations douces m'amènent à un orgasme lent et long. Tous les jours sous la douche, je m'offre une extase de plus grâce au jet. Actuellement, je préfère tout cela au commerce avec les hommes.

J'ai retrouvé un ancien amant perdu de vue depuis longtemps et je me suis ennuyée. J'avais l'impression de rencontrer un pantin. Les choses se passaient sans que je trouve le moindre sens à tout ce théâtre d'ombres.

A., l'homme aux bas, que je ne vois plus, me relance de temps en temps avec sa communication tordue et que je juge irrespectueuse. Il ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre, ce que je demande. J'ai l'impression d'un bras de fer permanent avec lui, et mon envie de lui s'est délitée dans cette lutte pour exister.

J'ai discuté sur le net avec G. qui était sur le départ pour la Dordogne avec bobonne.

Il m'a parlé de ses manœuvres pour qu'on passe quelques jours ensemble à son retour. Et j'étais tout à coup de plein pied dans le jeu triangulaire bien connu. Où je joue le rôle de la doublure, celle qui disparait derrière l'actrice principale. Le désir de G. est de m'emmener sur les traces de sa femme, de me faire dormir dans le mobilhome familial, de me montrer les lieux qu'il aime là-bas, ceux qu'il connait bien pour y aller avec sa femme et ses parents. Tout le problème étant de me faire exister dans ce décor où je ne devrais pas être, dans lequel je devrais me fondre sans laisser de trace.



Avec E., nous nous retrouvions dans la résidence secondaire, maison de vacances de toute la famille, dans laquelle il ne fallait rien déranger. Le midi nous allions manger au seul restaurant du coin, lieu de repas familiaux et même du repas de mariage de E. et madame, leur « cantine ». Tout l'art était de me faire bouger dans ce décor, de m'y faire respirer, parler, mais sans y exister vraiment. Je me sentais aussi vivante qu'un hologramme, qui disparaît dès qu'on ferme le projecteur.

Un jour, le serveur de la cantine a dressé pour nous une table de trois. Je regardais le couvert surnuméraire avec un malaise grandissant. Etait-ce le moment du coup de théâtre ? Qui allait venir s'asseoir là ? Madame épouse ou madame mère ? Qui avait décidé de nous mettre le nez dans notre caca ? Le serveur tardait à prendre la commande. Nous avons compris tout à coup qu'il attendait le troisième convive. Et nous aussi, nous l'attendions. E. a rompu le maléfice en hélant le garçon qui passait à proximité : « nous ne sommes que deux ! »

Hologramme, c'est pas une vie. Et je redoute de devoir me retrouver aussi peu consistante que cette illusion, en contrebande dans le mobilhome de Vendée. Est-ce le prix que je dois payer pour ces trois jours avec G. ? N'est-ce pas très cher payé ?

J'ai souhaité bonnes vacances à G., et c'est vrai, je lui souhaite qu'elles le soient, tant son malheur ne ferait pas mon bonheur. Mais j'ai pleuré derrière mon écran. A cause de l'hologramme, à cause du mensonge et à cause du camping en Dordogne.

G. et madame vont passer sept jours tous les deux, au gré de leurs envies, en Dordogne, couchant sous la tente avec un minimum de matos, à la bonne franquette et à la bonne fortune.

Je sais le bonheur qu'il y a à découvrir, le soir, un endroit pour planter la tente. Et la vaisselle dans le ruisseau ou au robinet mal commode qui éclabousse. Je sais la douceur de se réveiller le matin au chant des oiseaux, le soleil réchauffant encore trop doucement la tente, le nez qui pique de toute cette fraicheur, de toutes ces odeurs du matin humide. Et la tête ébouriffée qui sort entre les deux pans de la porte de toile, et le nescafé additionné de lait en poudre, etc...

Mais ce que je sais surtout, c'est le degré de complicité qu'il faut pour partir à deux pour ce genre de vacances. G. serait parti en all inclusive à l'autre bout de la terre, ca ne m'aurait pas touché. Les hôtels, même 5 étoiles, sont plein de la solitude et de la mésentente des couples. Le personnel est là pour occuper les malheureux, en activités aussi vaines que rarement partagées. Les repas sous forme de buffet 24/24 épargnent même la corvée des repas pris en commun.
Mais seuls, avec juste une voiture et une tente, il en faut de l'amour, ou au moins une grande entente, pour s'y risquer.

Alors quand G. me dit qu'il pense à moi, que s'en est une torture d'être séparés, qu'il est tout absorbé par la préparation de nos 3 jours en Vendée, je n'arrive pas à le croire.

Mais si je suis triste du mensonge, et de ces vacances qui ne sont pas pour moi, je suis soulagée. G. n'est pas aussi désespéré qu'il veut bien le laisser entendre, et cela me libère d'une éventuelle culpabilité, d'un désir éventuel de tirer en longueur la fin de cette histoire pour en adoucir le deuil.
Je suis libérée, mais triste de ce mensonge que je ne comprends pas. Pourquoi tenter de me tromper pour me faire croire à un malheur qui n'existe pas ?

3 commentaires:

  1. Oh que c'est bien écrit... ne regrette pas le camping à deux, ça n'est en fait pas si romantique que cela, réveillé trop tôt par les voisins de tente qui partent en rando à l'aube, puis par le soleil qui surchauffe la toile, après une nuit à mourir de chaud dans le duvet en prise aux moustiques et à balloter sur le matelas gonflable qui se prend pour un waterbed.
    Je te souhaite de belles vacances, entourée d'amitiés et de douceur. Pas forcément masculine, la douceur. On peut faire (temporairement) sans eux. On dirait que tu fermes des portes..Ou que tu es sur le point de le faire.
    Labaroline

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Labaroline,
      Merci de ton commentaire :). Je sais bien que tout n'est pas rose en camping, mais justement. C'est parce que tout ne roule pas toujours sur du velours qu'il faut être en accord avec la personne avec qui on part. Plus que le camping à deux, c'est l'impression de mensonge que cela me laisse qui me rend triste. Mais c'est anecdotique finalement. On le sait bien que s'ils restent avec leurs femmes c'est qu'elles ne sont pas si terribles qu'ils veulent bien nous le dire ;) Et puis, la vie continue, les rencontres aussi, et mes propres choix à savourer :)

      Supprimer
  2. Il n'était franchement pas question de te faire endosser le costard de ma mère, j'avais déjà ma femme pour ça!!
    J'ai projeter sur toi une image bien plus valorisante et bien plus belle, celle de ma grand mère qui à représenté pour moi l'amour maternel, d'où la force puissante qui m'a poussée et qui me pousse encore vers toi.
    Si je t'ai conduit dans cette maison de week end c'est qu'elle était située à mi distance entre ton lieu de résidence de l'époque et le mien. Ceci ne remet pas en cause ton ressenti qui t'appartient.
    Bises
    E

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.