J'ai proposé à E. dans L'esprit de noël est déjà parmi nous d'écrire un texte que je passerais sur mon blog en texte d'invité.
Offre déclinée à l'époque, mais qu'il a réactivé. Dans un objectif un peu différent de celui proposé.
Je ne peux pas dire que je suis heureuse de le publier. Parce que comme E., moi non plus je ne décroche pas les élastiques. Aucun élastique. Ma vie est peuplée de fantômes, qui tissent dans mon âme et dans mon coeur une toile d'araignée de plus en plus dense. Parce que contrairement à lui, je n'ai jamais renoncé à aimer, même mal, même dans le désert affectif qui fût (est toujours, grâce aux élastiques) le mien.
Mais je n'ai pourtant pas hésité une seconde à le publier. Parce qu'à la lecture du texte et du mail qui l'accompagnait j'ai eu l'impression que jamais E. n'avait été aussi prêt de la sincérité. Même si certains mots, toujours, font penser à un processus qui se voudrait si bien huilé...
Décrocher les élastiques
Quelle vie aurais-je
vécu ? Pourrais-je avoir été malheureux ? Non ce n’est
pas possible d’être malheureux avec cette vie-là !!
Une vie bien remplie,
comme si le plein, n’impliquait pas le creux. Une femme, des
enfants un travail valorisant et pas trop mal payé, une maison, des
voitures, des vacances au soleil et à la neige et au cœur de tout
ça, un manque, un vide qui n’arrive pas à se remplir.
Du développement
personnel avec un bon travail sur soi remplira ce vide, c’est
certain. Il suffit d’ouvrir son cœur face au thérapeute,
d’apprendre les concepts fumeux de la psychologie et le bonheur
parfait deviendra palpable. C’est parti… Chaque séance
hebdomadaire apporte son lot de souvenirs, tantôt d’une grande
insipidité, tantôt d’une tristesse à se jeter dans la seine. Au
fil des mois, les pièces du puzzle en vrac au fond de l’âme
s'emboitent petit à petit les unes aux autres.
Quelques années plus
tard et plusieurs litres de larmes versés, l’image du puzzle
commence à apparaître Malgré ce travail, tel le canard de Robert
Lamoureux qui était toujours vivant, le vide intérieur l’est tout
autant. D’où vient ce vide ? Que faire pour le combler ?
Serait-ce un manque
d’amour qui trouve son point de départ dans la construction
originelle de la personnalité ? Ou plutôt une incapacité à
satisfaire ce besoin d’amour tant les premières expériences ont
été douloureuses. A coup sûr ces deux causes sont bien présentes
chez moi. La solution semble tellement simple que le plus novice des
lecteurs pourra conclure :
-« Il suffit de
suivre celui ou celle qui te donne de l’amour »
Cette
idée logique est difficilement envisageable quant au début de la
vie, les engagements affectifs se sont tous soldés par des échecs
et de la souffrance. L’enfant décide que l’on ne l’y reprendra
plus. Ensuite, l’adulte tenaillé par la trouille, trouve toutes
les bonnes raisons pour passer à côté de la relation qui pourrait
le nourrir. Il garde ainsi au fond de lui ce vide qui le mine et qui
finit tôt ou tard par ressortir sous forme compulsive.
Il conviendrait donc de
se convaincre que l’histoire doit rester ou elle est, que la
réalité d'aujourd’hui n’est pas celle d’hier et de
décrocher les élastiques qui font remonter le passé.
Oui ce serait pas mal de décrocher les élastiques.
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